Archives de catégorie : dîners ou repas privés

Déjeuner au restaurant Jean Sulpice le 2ème jour samedi, 9 janvier 2016

La nuit fut agitée et très mauvaise pour ma femme et moi. Un hôtel au bord des pistes, c’est bien, mais les soûlards de tout poil qui ont envie de hurler le font sous nos fenêtres. Ajoutons l’air sec et l’effet de l’altitude, la nuit ne nous a pas réussi. En conséquence, ma femme décide de ne pas aller déjeuner au restaurant Jean Sulpice et je prends la ferme résolution de ne rien boire à déjeuner, pour « ménager ma monture » en vue du dîner qui nous attend.

C’est à pied que nous rejoignons le restaurant, pour prendre un peu d’air frais. Nous sommes trois, à la même table qu’hier. Jean Sulpice nous accueille, je raconte mes déboires nocturnes aussi annonce-t-il que ce sera une entrée, un plat et un dessert. De même nous disons à Alexandre : déjeuner à l’eau.

Alors que nous sommes en Savoie, voilà des promesses de gascons. Lisez donc comment Jean Sulpice envisage le concept « entrée / plat / dessert » : galette d’épeautre, crème fumée / amuse-bouche : tartelette chou-fleur, muscade – canapé au beaufort – foie gras myrtille, génépi / beignet d’huître, noix de Grenoble / cresson, brochet, citron confit / châtaigne, parmesan, truffes / langoustine de Porcupine, livèche / agneau, pimprenelle, noix de Grenoble / plateau de fromages de Savoie / clémentines, gentiane / myrtille, carvi / rissole, chocolat Tanaisie.

De son côté Alexandre a parfaitement compris notre volonté de rigueur et nous apporte un verre du Roussette de Savoie Marestel Altesse Dupasquier 1991. C’est le reste de la veille. Immédiatement on perçoit que le vin s’est élargi, étoffé et a gagné en équilibre. Il est superbe et accompagne divinement les plats, beaucoup mieux que la veille.

Il récidive avec le reste du Champagne Jacques Selosse 1999 dégorgé en 2010 qui montre aussi que l’aération a rendu le champagne beaucoup plus civil et gastronomique.

Le reste de l’Hermitage Jean-Louis Chave blanc 2010 a un nez en feu d’artifice. Le vin est glorieux et même si nous ne buvons pas le Krug 1995, je rejoins mes amis qui avaient plébiscité le Chave hier, car cet Hermitage est à un sommet d’épanouissement.

Le menu est absolument exceptionnel et j’ai envie d’être encore plus dithyrambique qu’hier. C’est un repas qui vaut pour tous ses plats les trois étoiles Michelin, mais je vais plus loin. Nous nous sommes demandé avec mes amis si dans les cinq dernières années nous avons eu un repas de ce niveau et la réponse est non. Car Jean a le talent, le sens de la pesée de chaque goût, de chaque épice, et le résultat est non seulement brillant mais aussi particulièrement gourmand. Je n’arrête pas de glousser en mangeant, lançant des oh, des ah et des miam. Le cresson qui accompagne le brochet avec des petits œufs de poisson est exceptionnel d’intensité. La truffe est divinement mise en valeur par la châtaigne, grâce à sa découpe en copeaux, la langoustine est mise en valeur par une petite gelée de citron et la livèche fortement parfumée. Chaque plat est un crescendo gustatif et je me demande à chaque fois où Jean va puiser dans son imagination pour atteindre des goûts aussi purs.

Après l’agneau on nous propose le plateau de fromage. Je refuse mais quand mes amis acceptent, je tends aussi mon assiette pour en profiter. Déraison quand tu nous tiens ! Jean est venu à notre table et nous a fait goûter un dessert myrtille et carvi qu’il a mis au point il y a deux jours. La mâche du plat est si belle que je mettrais de côté la tuile à la noisette très croquante pour rester dans la douceur de la mâche du gâteau. Mes amis sont plutôt favorables au fait que la tuile soit conservée comme elle est. Les goûts sont différents et tant mieux.

Alexandre tentateur propose de nous faire goûter « Une Chartreuse » jaune ou « Une Chartreuse » verte, bouteilles qui sont faites en nombre limité en utilisant de vieux muids qui contiennent des liqueurs anciennes. Mes amis disent oui, je dis non mais je trempe quand même mes lèvres dans ces deux délicieuses chartreuses, la jaune plus sensuelle ayant mes préférences.

Jean Sulpice avait lu mon blog et aucun plat ne nous fut exposé avec des propos ronflants. C’est sympathique d’avoir ainsi donné suite à ma recommandation et de plus c’est plus agréable quand on nous présente le plat. Quand Jean nous a raconté la genèse du plat de brochet et cresson, personne ne pourrait le faire aussi bien que lui.

Malgré l’absence de vins nouveaux, ce repas est pour moi encore plus brillant que le dîner d’hier avec des plats magiques marqués par l’intelligence, le talent et la gourmandise. De plus, il ne fut pas privé d’accords puisque les vins de la veille ont brillé sur ces recettes nouvelles. Pourra-t-on aller encore plus loin ce soir ? J’ai ouvert en fin de repas ma bouteille qui sera bue ce soir. Vite, une sieste pour être en forme.

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Dîner à Val Thorens au restaurant Jean Sulpice samedi, 9 janvier 2016

A l’occasion de mon anniversaire, des amis m’avaient annoncé qu’ils m’offriraient, ainsi qu’à mon épouse un week-end gastronomique dans un restaurant de notre choix. Mon choix s’était porté sur le restaurant de Jean Sulpice à Val-Thorens, où Jean a été gratifié de deux étoiles au guide Michelin.

De bon matin un vendredi nous nous retrouvons à quatre à la Gare de Lyon, direction Moutiers. Un taxi nous conduit à Val-Thorens, à 2300 mètres d’altitude, ce qui permet à Jean Sulpice d’affirmer avec humour qu’il est le chef étoilé le plus haut du monde.

L’hôtel Fitz Roy est situé au départ de pistes de ski et tout est organisé pour favoriser les skieurs. Les chambres sont petites mais bien agencées. L’accueil est très professionnel ce qui est agréable. A 18h30 nous nous retrouvons au salon bibliothèque de l’hôtel pour partager une bouteille de Champagne Veuve Clicquot Carte Jaune sans année. La bouteille arrive chaude et lorsqu’il est refroidi, il est sympathique mais n’a pas la vivacité habituelle que je lui connais.

Nous nous rendons par navette au restaurant Jean Sulpice, qui s’appelait Oxalys mais est rebaptisé de son nom. L’accueil est chaleureux. La salle est grande, d’une décoration compliquée et parfois un peu chargée. J’avais téléphoné à Jean pour lui demander si je pourrais apporter une bouteille. Lorsque Jean voit la bouteille il regrette de ne pas avoir eu le temps d’étudier un plat pour elle et suggère qu’elle soit laissée pour demain car il est prévu que nous dinions ici à nouveau le lendemain. Dans le même esprit Jean suggère que nous ne fassions pas d’emblée un grand menu ce soir mais que nous répartissions ses spécialités sur deux jours. Nous sommes d’accord et nous allons nous laisser entraîner au rythme du chef.

Il faut maintenant choisir les vins. La carte des vins est intelligente et proposée avec des prix dont la plupart sont raisonnables, ce qui permet d’avoir de beaux choix. Alexandre, le jeune sommelier est sympathique et de bon conseil. Il va gérer les choix et le service de façon brillante.

Le menu composé par Jean Sulpice est : galette de polenta / rissole au Beaufort / les amuse-bouche : parmesan, poire et roquette polenta, truite marinée, citron caviar, risotto de céleri, vin jaune, comté / œufs aux cèpes / tartiflette, bouillon d’oignons / légumes retrouvés, truffes / truite, sapin / Saint-Jacques, oseille, vanille / pigeon, foie gras, réglisse / beaufort, esprit d’un alpage / safran, biscuit de Savoie / pomme, meringue, miel de montagne, Antésite / comme un éclair, café, cardamome, orange.

Il paraissait opportun de commencer par un vin de la région et ce sera une Roussette de Savoie Marestel Dupasquier 1991. Le vin est légèrement ambré. Le nez est très noble, avenant. En bouche le vin est un peu oxydé et a perdu de la vivacité de sa jeunesse. Il a des notes de tisanes et de thé. C’est avec les œufs aux cèpes qu’il va trouver toute sa puissance et sa joie de vivre. Les vins de Dupasquier sont remarquablement faits et nous trouvons notre bonheur avec ce 1991.

L’Hermitage Jean-Louis Chave blanc 2010 est mis en valeur par le vin précédent car il a une ampleur ensoleillée remarquable. Il est serein, puissant, large, glorieux. Il va créer un accord d’anthologie. La truite du lac Léman est un plat exceptionnel de subtilité, de raffinement et de gourmandise. La sauce au fumet de sapin est diabolique et le vin s’en empare pour une symbiose rare, de celle qui donnent des frissons dans le dos. Ce moment de grâce gastronomique pure est un de ceux que l’on recherche et que l’on savoure lorsqu’ils apparaissent. A notre table, ce ne sont que des « oh », des « ah », et des échanges de regards de complicité, face à ce plaisir absolu.

Le Champagne Jacques Selosse 1999 dégorgé en 2010 est d’une année où Anselme Selosse a fait des miracles. J’ai le souvenir d’avoir bu ce vin en magnum dans un état d’accomplissement exceptionnel. Ce champagne est bon, mais n’atteint pas le niveau du souvenir que j’en ai. Il a le charme énigmatique des vins de Selosse et rappelle un peu les notes fumées que l’on a trouvées dans le Dupasquier. Il est largement mis en valeur par les magnifiques coquilles et la combinaison oseille vanille si exotique et originale.

Le Champagne Krug Vintage 1995 claque sur la langue comme un coup de fouet. Ce champagne d’une vivacité extrême est au sommet de sa gloire. C’est le plus grand Krug 1995 que j’aie bu, qui affiche sa grandeur, plus généreux que le Selosse.

Le repas est d’un très haut niveau. On sent des influences de Marc Veyrat mais Jean Sulpice a une cuisine qui se caractérise par sa cohérence, son intelligence et sa gourmandise. Car ce n’est pas la complexité qui est mise en avant, mais le plaisir de manger. Et c’est le plus grand compliment que je pourrais faire à sa cuisine. Il ne fait pas de doute que l’on est au niveau de trois étoiles Michelin. Le plat le plus brillant, magnifié par l’accord avec l’Hermitage, c’est la truite avec ce goût de sapin exceptionnel. L’œuf aux cèpes est d’un dosage parfait. Les coquilles avec l’oseille et la vanille sont d’un rare niveau. En un mot, c’est un repas de première grandeur.

Nous classons rapidement les vins. Mes deux amis mettent le Chave devant le Krug puis Selosse et Dupasquier. Mon choix est Krug puis Chave et Selosse et Dupasquier. C’est le coup de fouet magistral qui m’a fait placer le Krug devant l’opulent et glorieux Chave.

Comme au restaurant de David Toutain, on nous annone les plats avec : « c’est le plat signature du chef », « c’est le plat exceptionnel du chef ». De plus en enlevant les assiettes on nous demande : « comment avez-vous trouvé le plat merveilleux du chef ». Rien n’empêche d’annoncer ce que le chef a voulu faire sans avoir le besoin de multiplier les coups d’encensoir. En contraste avec ces présentations l’attitude du sommelier est parfaite et celle du chef encore plus. Jean est venu s’asseoir à notre table et nous avons longuement bavardé de façon décontractée de sa cuisine et de ses ambitions. J’ai connu Jean lors de dîners à quatre mains qu’il a réalisés aux Avisés d’Anselme Selosse et avec David Toutain et en d’autres occasions. C’est notre ami Jean-Philippe Durand, co-auteur du livre de Jean « d’un hiver à l’autre » qui m’a fait connaître Jean et m’a donné envie de découvrir sa cuisine chez lui.

Ce dîner est mémorable, et nous recommençons demain !

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Le week-end continue dans le sud dimanche, 3 janvier 2016

Le lendemain, premier jour de l’année, les repas sont plus frugaux. Une omelette aux truffes et des fromages ont permis de finir les vins du réveillon. Le Mouton 2000 est toujours aussi vif et noble, puissant et fort. Il confirme son statut. Le Vega Sicilia Unico 1967 a une attaque assez faible et le finale sauve un peu la mise. Il a des notes mentholées très agréables. Mais il est clair que la bouteille n’est pas une grande bouteille.

Des trois pâtes bleues, le Stilton est le plus noble mais fort, le bleu de Gex bien gras est le plus adapté à l’Yquem 1954 et le bleu de Termignon est un peu sec pour créer un réel accord avec le sauternes si beau, qui a accentué son côté caramel. Il confirme que c’est un grand Yquem, les restes de mangue montrant son aptitude à exposer aussi des agrumes délicats.

Le 2 janvier, déjeuner d’un risotto de truffe noire et de morceaux d’araignée de porc accompagnés d’un fin gratin de pomme de terre. Nous aurons deux blancs. Le Meursault 1er Cru Perrières Domaine des Comtes Lafon 1999 offre à l’ouverture le parfum le plus généreux. Le Meursault 1er Cru Charmes Domaine des Comtes Lafon 1996 est beaucoup plus discret.

Sur le risotto, c’est le Perrières qui est le plus adapté car il est plus gras et plus ample. Ceci tient au fait qu’il y a un peu de botrytis qui rend le vin plus généreux. A côté de lui, le Charmes est plus ciselé, plus vif. Malgré le botrytis, c’est le Perrières qui a le plus de minéralité. Pendant un temps, le Charmes devient plus fin, plus sensible que le Perrières. Pour une raison qui ne s’explique pas, le Charmes se met à décliner et c’est le Perrières qui devient le plus agréable, même si l’araignée de porc conviendrait normalement mieux au Charmes.

Il y a une galette des rois qui appelle la nomination d’un roi et d’une reine. Ma femme étant seule face à trois mâles, voit les choses avec une certaine sérénité. La galette est découpée en quatre et chacun commence à manger sa part qui a peut-être la fève. Assez vite un des amis annonce qu’il a la fève et c’est un bel haricot qui nous est montré. Nous applaudissons le roi qui choisit sa reine elle-même applaudie. Finir de manger est sans grand suspense quand l’autre ami extirpe de sa part une autre fève. L’histoire ne dira pas quel fut le roi le plus légitime après ces deux sacres.

Le soir un sujet fut longtemps débattu : vin ou pas vin sur les pigeons ? Je suis le démon tentateur. Après bien des palabres, j’ouvre une Côte Rôtie La Mouline Guigal 1996. A l’ouverture, le nez me semble convenable. Au service, le nez est poussiéreux, comme celui d’une vieille armoire. Ce n’est pas le verre mais le vin qui est en cause. En bouche, cette odeur n’a aucune conséquence. Le vin est riche, plein, de beau fruit et de bonne mâche. Avec les excellents pigeons, agrémentés de riz blanc et pignons, l’accord est gourmand. Mais le nez du vin s’oriente vers un nez de bouchon qui ne cesse de s’amplifier. Or curieusement la bouche n’en souffre pas, le vin restant joyeux même si le fruit n’est pas aussi juteux qu’il pourrait l’être. En tout cas rien n’empêche de le boire avec plaisir.

Quand il est fini, nous buvons sur les fromages le Meursault 1er Cru Charmes Domaine des Comtes Lafon 1996 qui est complètement passé, plat. Comment est-il possible qu’un vin aussi jeune se désagrège aussi rapidement ? C’est assez difficile à imaginer.

Nous avons bu suffisamment de grands vins pour que ces petits désagréments n’écornent en rien la joie d’être ensemble en ce début d’année.

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les deux fèves !

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Sylvester dinner in the South of France samedi, 2 janvier 2016

Eve New Year’s dinner is held in our southern home. We’ll be six, ideal number to enjoy at best great bottles to drink. Two guests live in the area and we welcome the other two to their plane out early in the afternoon of 31. They have in their luggage wines that complement the program tonight and this weekend.

According to an established tradition, I open a welcome champagne upon arrival. This is a Champagne Dom Pérignon 1999 very pleasant to drink and becomes increasingly racy over the years. On Tarama sandwiches champagne is lively. We take this time to prepare the food program and wines.

The aperitif is taken with two very different Spanish hams, slightly truffled foie gras on pieces of baguette which we will cover with truffle slices.

The menu will be: three kinds of oysters which each guest will have two parts, belons and Gillardeau and Isigny / checkered St. Jacques shells floods with truffle slices / Camerones / Grenadin of veal with mashed potatoes truffle shavings / cow and sheep cheese / Stilton, blue Termignon and Bleu de Gex / fried slices of mango / honey madeleines.

1999 Champagne Dom Perignon opened about five hours before marks a very significant qualitative leap. It is fuller, more serene, lovely evocations of white flowers and pink fruits. It is a satisfaction of champagne.

Origin Jacques Selosse Champagne disgorged the 11/15/93 is of great rarity. The Origin Champagne is the forerunner, so to say, of champagne Substance. It is a solera is to say that the casks are filled each year from the year wine that enriches what remains in the barrels, which contains all previous years. This solera started with the wines of 1986. The wine we drink, disgorged 22 years ago is one of the oldest that ever existed. The bubble is very active. The color is bright with small pink suggestions and no traces of amber. The fragrance of the wine is strong. In the mouth it is a marked acidity that foie gras will soften. It reminds me of pink grapefruit. Lively, it is a very strong character. Atypical is this wine of champagne.

The 1985 Krug Champagne is wonderful. If one were to give the definition of a perfect champagne, it would be taken. The previous Selosse explores new ways and this Krug solidifies the fundamentals of great champagnes. It is vinous, strong and complex, very rich on the palate. A small exotic side is illustrated by fig taste. It elegantly accompanies the beautiful oysters whose belons are strongest and tasty.

1985 Champagne Krug Clos du Mesnil adds a step in the climb that we make in the world of champagne. It is even more lively and more sharpened than the previous one and what the most striking is its complexity. The agreement with the shells is possible through a small side but not smoked highlights the champagne to be enjoyed alone. This series of four champagnes is exciting and will crescendo. Variety and complexity, gourmet talent are the assets of Champagne.

2001 Montrachet Domaine de la Romanée Conti is a beautiful pale gold. The nose was quite discreet at the opening is now rich and fulfilled. On the palate the wine is rich, conqueror, full with an almost infinite range of flavors and lemony accents. This wine will satisfy all our wishes. It is at the top of the hierarchy of white wines. With Camerones, the agreement is masterful. I wanted to open this wine to finish the year 2015. I am pleased that it also shows brilliant.

The 2000 Château Mouton-Rothschild has a powerful nose. I did not expect this level of wealth and breadth in this wine that evokes fine tannins and truffles. This powerful wine has much charm. It also evokes tobacco and pencil lead. It is a great Mouton, with beautiful black fruit and a nice bite, which makes me a nice surprise in being at that level. Veal grenadin with mashed truffled potatoes are exactly made to accompany the Mouton.

The 1967 Vega Sicilia Unico is a surprise, but in the other direction. From my experience, the decade 1960-1969 is the brightest for this wine. 1967 is a bit off, a little stuck. Of course it is well done, but it lacks the extra something that is normally found in this wine. I see no real defect except laziness that makes the wine is not engaged. Only the final compensate a little for the wine with menthol notes that are the normal signature of this wine.

1954 Château d’Yquem has a color of very dark caramel. The nose is delicate and citrus on the palate, it is a festival of citrus, spices and sometimes a light caramel on blue cheeses with salt and suggestions. The wine is rich, deep, very long finish. It is flexible because it shines as well with three blue cheese with just the mango slices fried. It has a pretty fatness printing mouth happiness.

There is no vote at the end of dinner. If I had to vote now would be: 1 – Montrachet, 2 – Clos du Mesnil, three wines tied for third place, Krug, the Mouton and Yquem. The best combination wine and food is the one of Camerones with Montrachet.

This dinner was a nice way to abandon 2015 for 2016.

(see pictures on the following article)

Réveillon avec Montrachet DRC 2001 et d’autres merveilles vendredi, 1 janvier 2016

Le réveillon de la Saint Sylvestre se tient dans notre maison du sud. Nous serons six, nombre idéal pour boire de belles bouteilles. Deux invités habitent dans la région et nous accueillons les deux autres à leur sortie d’avion en début d’après-midi du 31. Ils ont dans leurs bagages des vins qui compléteront le programme de ce soir et de ce week-end. Selon une tradition établie, j’ouvre un champagne de bienvenue au moment de leur arrivée. C’est un Champagne Dom Pérignon 1999 fort agréable à boire et qui devient de plus en plus racé au fil des années. Sur des tartines de tarama le champagne est vif. Nous profitons de cet instant pour préparer le programme des mets et des vins.

L’apéritif se prendra avec deux jambons espagnols très différents, un foie gras légèrement truffé sur des morceaux de baguette que nous recouvrirons de lamelles de truffes. Le menu sera : trois sortes d’huîtres dont chaque convive aura deux pièces, des belons, de Gillardeau et des Isigny / damier de coquilles Saint-Jacques crues avec des tranches de truffe / camerones / grenadin de veau avec un écrasé de pommes de terre aux copeaux de truffes / fromages vache et brebis / Stilton, bleu de Termignon et bleu de Gex / tranches de mangues poêlées / madeleines au miel.

Le Champagne Dom Pérignon 1999 ouvert il y a environ cinq heures marque un saut qualitatif très significatif. Il est plus ample, plus serein, avec de jolies évocations de fleurs blanches et de fruits roses. C’est un champagne de satisfaction.

Le Champagne Origine Jacques Selosse dégorgé le 15/11/93 est d’une grande rareté. Le champagne Origine est l’ancêtre, si l’on peut dire, du champagne Substance. C’est une solera, c’est-à-dire que les fûts sont remplis chaque année du vin de l’année qui vient enrichir ce qui reste dans les fûts, qui contient toutes les années précédentes. Cette solera a démarré avec les vins de 1986. Le vin que nous buvons, dégorgé il y a 22 ans est donc l’un des plus anciens qui aient existé. La bulle est très active. La couleur est claire, avec de petites touches roses et pas de trace d’ambre. Le parfum du vin est fort. En bouche, il est d’une acidité marquée que le foie gras va adoucir. Il m’évoque des pamplemousses roses. Vif, il est d’un caractère très affirmé. Atypique, c’est un champagne de vigneron.

Le Champagne Krug 1985 est merveilleux. Si l’on devait donner la définition d’un champagne idéal, on prendrait celui-ci. Le précédent explore des voies nouvelles alors que celui-ci solidifie les bases fondamentales des grands champagnes. Il est vineux, fort et complexe, d’une grande richesse en bouche. Un petit côté exotique s’illustre par un goût de figue. Il accompagne élégamment les belles huîtres dont les belons sont les plus fortes et goûteuses.

Le Champagne Krug Clos du Mesnil 1985 ajoute encore une marche dans l’ascension que nous faisons du monde du champagne. Il est encore plus vif et plus affuté que le précédent et ce qui frappe le plus, c’est sa complexité. L’accord avec les coquilles est possible grâce à un petit côté fumé mais ne met pas en valeur le champagne qui se déguste seul. Cette série de quatre champagnes est passionnante et va crescendo. Variété et complexité, talent gastronomique sont les atouts de la Champagne.

Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2001 est d’un bel or clair. Le nez qui était assez discret à l’ouverture est maintenant riche et épanoui. En bouche le vin est riche, conquérant, plein, avec une palette de saveurs quasi infinie et des accents citronnés. Ce vin comble tous nos vœux. On est au sommet de la hiérarchie des vins blancs. Avec les camerones, l’accord est magistral. Je souhaitais ouvrir ce vin pour finir l’année 2015. Je suis heureux qu’il se montre aussi brillant.

Le Château Mouton-Rothschild 2000 a un nez percutant. Je ne m’attendais pas à autant de richesse et d’ampleur dans ce vin qui a de beaux tannins et évoque la truffe. Ce vin puissant a aussi beaucoup de charme. Il évoque aussi le tabac et la mine de crayon. C’est un grand Mouton, avec de beaux fruits noirs, et une belle mâche, qui me fait une belle surprise en se situant à ce niveau. Le grenadin de veau et sa purée sont exactement faits pour accompagner le Mouton.

Le Vega Sicilia Unico 1967 est une surprise mais dans l’autre sens. De mon expérience, la décennie 1960-1969 est la plus brillante pour ce vin. Or ce 1967 est un peu éteint, un peu coincé. Bien sûr il est bien fait, mais il lui manque le supplément d’âme que l’on trouve normalement en ce vin. Je ne vois pas de réel défaut sauf cette paresse qui fait que le vin ne se livre pas. Seul le finale rachète un peu le vin avec par moment des notes mentholés qui sont la signature de ce vin.

Le Château d’Yquem 1954 est d’une couleur d’un caramel très foncé. Le nez est d’agrumes délicats et en bouche, c’est un festival d’agrumes, d’épices et parfois un léger caramel sur la fromages bleus et avec des suggestions de sel. Le vin est riche, profond, au finale très long. Il est flexible, car il brille aussi bien avec les trois fromages à pâte persillée qu’avec les tranches de mangue juste poêlées. Il a un joli gras imprimant la bouche de bonheur

Il n’y a pas eu de vote à l’issue du dîner. Si je devais voter maintenant ce serait : 1 – Montrachet, 2 – Clos du Mesnil, et trois vins ex aequo à la troisième place, le Krug, le Mouton et l’Yquem. Le plus bel accord est celui des camerones avec le Montrachet. Ce dîner fut un beau moyen pour passer de 2015 en 2016.

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on voit sur la photo du bouchon de l’Yquem combien il est torturé

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Vega Sicilia Unico, la revanche du lendemain dimanche, 27 décembre 2015

Ça pourrait s’appeler la revanche du lendemain. Le 26 décembre, nous sommes seuls, ma femme et moi. Il reste beaucoup de victuailles, dont des truffes. Ma femme n’a pas faim. Je déjeune d’un peu de baguette de pain, de beurre Bordier salé et d’une truffe que je découpe en tranches assez épaisses. Pain, beurre, truffe, c’est un triangle équilatéral dont tous les côtés sont égaux. Et les trois sont symbiotes, aucun ne pouvant exister sans les autres. C’est le sel du beurre qui fait briller la truffe.

La pièce va se jouer à quatre personnages car vient s’ajouter un ectosymbiote, le Vega Sicilia Unico 1991 dont il reste suffisamment pour la truffe. Enfin je retrouve le vin espagnol dans sa pureté et sa puissance. Hier soir, il avait joué la Belle au Bois Dormant. Aujourd’hui, il est Saint Michel terrassant les dragons.

Voilà pourquoi l’on peut parler d’une belle revanche du lendemain.

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en haut de la photo on aperçoit le bouchon du Vega Sicilia Unico 1991

Dîner et déjeuner de Noël en famille vendredi, 25 décembre 2015

Le 24 décembre, nous recevons à la maison mes deux filles et leurs enfants. J’ouvre les vins du dîner en début d’après-midi, vers 15 heures. Vers 18h les bougies du sapin s’allument, j’ai un mal fou à extirper le bouchon d’une bouteille de Champomy, le champagne des enfants, et les cadeaux s’échangent car dans nos usages, le Père Noël ne vient pas dans la nuit du 24 au 25 déposer les cadeaux dans la cheminée.

J’ouvre un Champagne Dom Pérignon 1975 qui m’avait très favorablement impressionné lorsque je l’avais bu avec mon fils il y a peu. Celui-ci est de la même veine. La couleur est claire, avec une légère teinte de rose. La bulle est active et le champagne joliment pétillant. Le mot qui reviendra le plus souvent dans ma bouche pour le caractériser est « gracieux ». Ce champagne est plein de grâce, de noblesse et de romantisme. Il a des tons de rose, de petits fruits roses, et c’est surtout son équilibre et sa séduction qui en font un grand vin. Un Pata Negra peu gras convient bien au champagne et un foie gras truffé délicieux n’apporte rien au champagne. Comme dit l’une de mes filles, le champagne brille plus si on le boit seul. Je suis conquis par ce 1975.

J’ai ouvert trois vins de Guigal pour que nous nous amusions à les comparer. Le risotto à la truffe est délicieux. Il eût appelé un vin blanc aussi attendons-nous le porcelet pour profiter des vins. La Côte Rôtie La Mouline Guigal 1986 est d’une rare complexité et d’une belle sérénité. Elle a une mâche accomplie de première grandeur.

La Côte Rôtie La Turque Guigal 1992 est vive comme un coup d’épée. C’est elle qui avait le nez le plus conquérant à l’ouverture. Les parfums des deux autres ont rejoint la finesse des fragrances de ce vin.

La Côte Rôtie La Landonne Guigal 2001 est la plus moderne, ce qui est lié à son âge. Elle est plus consensuelle.

Pour ma fille cadette il ne fait pas de doute, c’est la Mouline la plus grande. Pour ma fille aînée, c’est la Landonne, mais je sais qu’elle aime les vins plus modernes. En ce qui me concerne, je suis fasciné par un phénomène qui me ravit quand il se produit : à chaque gorgée, c’est le vin que je bois que je trouve le meilleur. J’adore quand les vins jouent avec moi à qui me séduira le plus. Quand j’ai ouvert les vins en cave, j’aurais parié sur la Turque. Quand je bois La Mouline, sa sérénité et l’accomplissement de sa palette de saveurs emportent mes faveurs. Quand je bois La Turque, c’est la vivacité de son message tranchant qui me pousse à le préférer et quand La Landonne, plus calme, plus féminine et plus dans le fruit me parle, je l’écoute plus que les autres.

Je me suis laissé emporter par cette douce torpeur qui empêche de choisir, mais si, in fine, je dois décider, je classerai : 1 – Mouline, 2 – Landonne, 3 – Turque. Bien sûr chacun des vins mérite mes amours.

Une mousse au chocolat est accompagnée par le Madère des années 30 ou 40 que j’avais ouvert pour mes amis conscrits. Ses notes de caramel et de café accompagnent bien cette mousse gourmande. On s’embrasse, on se lance « Joyeux Noël », on se remercie pour les cadeaux. Il faudrait des portefaix pour les rassembler tous. La magie de Noël a une fois de plus illuminé notre maisonnée.

Le lendemain, le déjeuner de Noël est simplifié. Nous allons directement au plat de résistance qui est du pigeon avec choux de Bruxelles, lardons et marrons en copeaux. Les trois vins de la veille sont meilleurs. La Landonne 2001 est riche, plus dense. La Turque 1992 prend une ampleur remarquable. La Mouline 1986 reste toujours aussi élégante.

Les trois vins du Rhône arrivent à leur fin aussi est-il temps d’ouvrir un Vega Sicilia Unico 1991. Le vin n’a pas eu le temps de s’épanouir aussi est-il un peu serré, surtout dans le final. Mais on perçoit sa grandeur avec de petites intentions de café. Il est grand, nécessite un peu d’aération, aussi n’atteint pas le niveau de la Mouline.

Pour la rate aux pommes, j’avais envisagé un champagne mais après nos agapes de la veille, rester sur le vin espagnol est plus raisonnable.

Chacun ramasse ses cadeaux. Des taxis raccompagnent chaque famille chez elle. Il reste le souvenir d’un beau Noël familial.

Le soir, tout le monde est parti, il reste des fromages à finir. Le Vega Sicilia Unico 1991 devrait être plus aéré mais en fait il se montre comme s’il avait eu dans sa vie un coup de froid, car il semble resserré, coincé, sans la vibration que je lui connais. Sa structure évoque sa grandeur, mais il n’est pas au rendez-vous. Il brillera une autre fois.

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Déjeuner d’amis au restaurant Pages mardi, 22 décembre 2015

C’est à mon tour d’inviter mes amis conscrits. Nous déjeunerons au restaurant Pages où j’apporte mes vins à 9h45 pour les ouvrir, car l’ouverture précoce est une condition du succès de la présentation des vins au moment du repas. Je croyais que le chef serait présent mais on m’a prévenu la veille qu’il était parti pour le Japon. C’est dommage car j’aurais aimé que mes amis fassent sa connaissance.

Nous sommes un mardi matin. Le lundi est fermé et le dimanche soir, tout le personnel a fait la fête. Le lieu est sens dessus-dessous. Imaginer que tout sera en ordre au moment du repas est difficile, mais l’équipe s’organise en silence avec une redoutable efficacité.

L’ouverture de vins qui ne sont pas très anciens – du moins dans mon optique – se passe avec beaucoup de facilité sauf pour le Charmes-Chambertin Camus 1982 recouvert d’une cire rouge très dure et très collée, qui me demande un temps fou, essentiellement pour éviter que de minuscules grains de poussière de cire puissent retomber dans le vin. Nettoyer, nettoyer sans cesse est impératif. Le Savigny lès Beaune Cuvée Fouquerant 1992 a un nez qui fait craindre un goût de bouchon. Il sera écarté et ne sera pas remplacé, alors que j’ai une deuxième bouteille d’appoint, mais il y a déjà beaucoup de vins au programme.

Etant en avance j’ai le temps de mettre au point le menu avec Yoko qui remplace le chef Teshi et avec Dorian en ce qui concerne les desserts.

Le menu est : chips / pain soufflé crème de carotte / bonite / bœuf Ozaki cru / Saint-Jacques, céleri rave, truffes noires / cromesquis de foie gras sur le bincho, potiron, truffes noires / rouget, cébette au cédrat, choux / agneau de pré salé, jus d’agneau, hélianthi, truffes noires / bœufs de maturation : normande 40 jours, Galice 60 jours, bœuf Ozaki poêlé sur la fonte et sur le bincho / agrumes / madeleines et truffes au chocolat et café.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1996 est généreux et glorieux. C’est un champagne de plaisir tant il est gratifiant. Tout est merveilleusement dosé, l’acidité, la force, la fraîcheur. On sent une aisance raffinée. C’est un beau début.

Le Michel Lynch Bordeaux blanc 1998 est un vin de Bordeaux simple fait par les propriétaires du Château Lynch-Bages. Je l’ai inclus dans le programme pour qu’il serve d’étalon ou de faire-valoir à l’autre blanc. Au nez, il est assez peu expressif. Versé dans le verre, on s’aperçoit qu’il est déjà ambré, ce que l’on ne voyait pas à travers la bouteille. Il donne l’impression d’être trop évolué et je m’en méfie un peu, mais il va se révéler infiniment plus expressif que je n’imaginais lorsqu’il est sollicité par les bons plats. C’est avec le cromesquis de foie gras et avec la Saint-Jacques qu’il se révélera chaleureux, animé, comme un blanc sec touché par un botrytis caressant. Il s’est montré très agréable à boire, hors-piste, mais bon.

Le Chablis Grand Cru Valmur Jean Collet 1991 a un nez extrêmement vif et expressif. On est dans la noblesse pure et le vin est riche et grand, de belle acidité contrôlée. Il est merveilleux sur le carpaccio de bœuf Ozaki et sur le rouget à la peau délicieusement croustillante.

J’ai fait changer la recette de l’agneau, prévu au menu pour être terre et mer, en ne gardant que le côté terre. Cela convient au Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande Pauillac 1993. Je voulais vérifier comment se comporte cette année annoncée petite et tout montre qu’elle a tout d’une grande. Le vin est élégant, avec de beaux tannins, agile et noble. C’est manifestement un grand vin, de grande finesse et de précision.

Servi en même temps sur l’agneau, le Château Mouton Rothschild 1990 est bien à la peine. Il a les muscles d’un grand vin, mais n’a pas beaucoup plus. Il manque de vibration, d’énergie. Bien sûr, il évoque sa noble origine, mais l’étincelle n’est pas là.

Le Savigny les Beaune Hospices de Beaune cuvée Fouquerand 1992 ne sera pas bu car il est bouchonné. Le Charmes-Chambertin Camus Père & Fils 1982 est d’une couleur claire. Il est incroyablement bourguignon. Il a des évocations de sel et de rose. Il est très gratifiant. Les délicieuses viandes l’aident beaucoup à briller. C’est un vin de plaisir même si tout n’est pas totalement structuré et précis. Qu’importe, il est vecteur de bonheur.

Le Clos d’Abeilly Sauternes 1992 est un vin qui appartient à Rayne-Vigneau. Le nez est un peu glycériné, mais on sent de jolis fruits confits. En bouche, cette odeur se retrouve peu et va même disparaître sur l’intelligent dessert qui rend ce sauternes quasiment parfait. Un ami me dit qu’il n’en a jamais bu d’aussi bon. Ce sont les petits zestes confits associés au pamplemousse rose qui conduisent à cet accord parfait.

J’ai trouvé dans ma cave une bouteille de Madère très vieille, Madère Manuel années 30 ou 40. Le bouchon m’indiquerait volontiers qu’il est plus vieux et le goût aussi. Il y a dans ce vin du café, du caramel, et une générosité chaleureuse exceptionnelle. C’est un vin gourmand qui va trouver dans les mignardises, surtout les petites madeleines, un écho étourdissant. Ce madère assez simple n’est que bonheur.

Comme d’habitude et même sans le chef Teshi, l’équipe très motivée a fait un menu d’une grande intelligence et d’une belle cohérence avec mes vins. Dans les menus, la truffe est en option. J’avais dit en début de repas : « vous pouvez y aller ». J’ai été pris au mot, car la truffe a été plus qu’abondante et généreusement distribuée.

Tout fut bon et les accords pertinents. L’ordre des vins, l’ordre des plats et l’implication de l’équipe ont contribué à faire de ce repas un grand moment avec mes amis conscrits.

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voilà un bouchon fait pour les collectionneurs de vins anciens : le millésime est marqué en haut, en bas et sur le dessus du bouchon. Cela favorisera l’identification, même si le bouchon devient moins lisible

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ne sera pas bu ce Savigny

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on note sous la collerette cette mention : « 26 F 00 verre en plus »

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Déjeuner au restaurant David Toutain vendredi, 18 décembre 2015

Il y avait longtemps que je n’étais pas revenu au restaurant David Toutain dont le chef est un des plus brillants de sa génération. Le menu que nous choisissons est « Reine des Prés » et sous-titré « carte blanche » ce qui veut dire qu’il est à l’appréciation du chef. Nous comprendrons assez vite qu’il y aura quelques ajouts. Les amuse-bouche sont : salsifis, chocolat blanc, panais / persil, genièvre, oseille sauvage.

Le menu proprement dit est : jaune d’œuf, maïs, cumin / Saint-Jacques, lard de Colonnata, truffe noire / céleri rave, pied bleu, truffe noire / oursin, café / cabillaud, racine de persil, poireaux, petit lait / seiche, consommé carotte / anguille, sésame noir / tourte de pigeon / chou-fleur, noix de coco, chocolat blanc / miel Niaouli, lait / mignardises.

La présentation des salsifis est très forestière, jolie. Le goût est agréable. Je préfère demander un couteau que de partager le pot où nous crémons les salsifis. L’amuse-bouche suivant, toujours d’inspiration forestière et montagnarde est absolument original. L’œuf est fermier, délicieux. L’atmosphère correspond à celle du lieu et c’est un peu des recherches de racines comme la ferme de mon père de Marc Veyrat. La coquille est superbe, bien vivifiée par la truffe. L’oursin a un peu trop de café, le cabillaud est superbe. La seiche me plait beaucoup mais je ne ressens pas la pertinence du consommé de carotte. Les deux points culminants du repas sont l’anguille, plat magistral, qui est dans la même lignée que l’anguille merveilleuse de Christian Le Squer, et la tourte de pigeon plat de cuisine bourgeoise magnifiquement réalisé. Un troisième sommet serait le dessert au lait qui allume des réminiscences enfantines.

Nous avions envie de prendre le déjeuner à l’eau mais à un moment, l’appel d’un vin est irrésistible sur cette belle cuisine. Un Champagne Version Originale Selosse dégorgé en avril 2015 est exactement ce qu’il faut pour cette cuisine racée. Il est vif, cinglant, tranchant, vineux avec des notes de fruits roses un peu fumées. C’est un grand champagne.

La cuisine de David Toutain est d’une grande inventivité. J’aimerais bien avoir pour chaque plat la composition détaillée par écrit pour comprendre la pertinence de chaque apport. Cette remarque vaut pour beaucoup d’autres chefs, car on aimerait avoir le mode d’emploi et participer à la découverte de ces belles compositions. Ce qui est un peu désuet, c’est que les serveurs annoncent les plats en disant « le plat emblématique », « le plat signature », « le fameux plat ». A ce niveau de qualité, on n’a plus besoin qu’on nous vante les plats d’un chef reconnu.

Le talent de David Toutain mériterait peut-être un écrin plus beau et des tables à nappes (je joue mon petit Michelin en écrivant cela). Mais il faut respecter son projet puisque tout l’environnement fait partie de sa cuisine. David est chaleureux.. Il fait partie des grands chefs parisiens.

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1945 Mouton-Rothschild shared with my son vendredi, 18 décembre 2015

As a lover of old wines, I receive many tempting email offers. I succumb much too frequently. In a casino I can restrain myself, but when it comes to wine, my addiction takes control. From a recent offer of rare wines, I bought a bottle of 1945 Mouton Rothschild. This legendary, almost mythical wine asserts a powerful attraction on both connoisseurs and counterfeiters. As soon as the bottle arrived in my wine cellar, I checked it against the others I have on my shelves. When I compared the bottles and examined the capsules, the labels with a « V » for the great victory of that year, the end of WWII, as well as other details, convinced me that what I had bought was indeed a genuine bottle of 1945 Mouton.

During this inspection, I noticed that another of my bottles had a low fill level—low shoulder. Under a lamp I could see that the color was good. It had to be drunk quickly. My son was in Paris and would leave for Miami in three days. Why not open the bottle with him? He was always ready for this kind of dotty adventure!

I asked my wife to buy some lamb. Its tenderness would complement the wine and a side dish of potatoes gratin would assist.

I brought the bottle home the day before the dinner and put it standing in a cool spot. The following day I was tired; I returned from my office at 7 pm, earlier than expected, to take a nap. My wife was well along in preparing dinner when I told her I was not yet ready to open the wine and would decide if I felt up to opening such a legendary bottle after my nap.

The nap did me good; however the bottle still had its cork. Such a wine should have been opened much earlier. My son arrived and I explained to him that I hadn’t been sure I would be ready for such a great wine, which was why I was only then about to open it.

The capsule stuck to the top of the cork and I was not able to separate them. Unfortunately, the capsule tore. The top of the cork was as hard as concrete; in order to prevent the corkscrew from pushing the cork into the bottle, I had to drill a small hole. I pulled the cork; its surface was very black. I put my fingers in the neck and removed a muddy black substance. It did not smell bad; it may have been a combination of lees and bits of cork. This did not augur well! I washed my hands and used my fingers to clean the neck several times. Where was this leading?

The wine’s nose showed some acidity, but I didn’t detect anything terminal. I was only annoyed at myself for having taken a nap and losing the time to allow the wine to reconstitute itself. A few minutes later I realized that the wine was in fact on the rebound and I prayed that it would continue to improve.

My son had given us three jars of caviar as a Christmas present. That would be the entrée. We would begin with champagne, but a champagne that accompanies a 1945 Mouton must be grand! I picked out a 1973 Krug, one of my most cherished. This vintage is magnificent. Removing the wire cage was difficult, creating a lot of dust and shredding the capsule. The love of old wine is not always a bed of roses! While removing the cage I heard the sound of escaping gas. The cork came out very easily, because it was tapered, not mushroomed.

I poured two glasses, one for my son and one for me. (My wife doesn’t drink.) The first sip was bitter and my heart sank. I feared the worst, my adrenaline beginning to flow, but then, salvation. The color of the champagne was lovely, pale gold with a hint of pink. The bubbles were vigorous, the nose discreet but intense, vinous. On the palate, everything was illuminated and most charmingly unified. This champagne was lively, incisive, and as precisely chiseled as a samurai’s sword. Along with a mild tingle, I detected the notes of a rosé champagne.

We had two caviars, an Osetra of Venezuela and a caviar from Aquitaine obtained from Prunier. The Osetra was a lighter gray, quite expressive but with a taste that did not linger. By contrast, the Aquitaine was just right, iodized but not too salty, with exceptional length of taste, and it played beautifully against the Krug, which showed an attractive vinous acidity. Though not the best 1973 Krug that I have had, this was very refined, certainly a great bottle.

The lamb was meltingly tender, having simmered for hours on a low heat. The very delicate gratin of thin potato slices showed a rare precision. The beans were partly whole and partly mashed, with an agreeable texture and discrete flavor that complemented the wine.

The color of the 1945 Château Mouton Rothschild in the glass was a magnificent pale red, which became ever more intense as the bottle was emptied. I was so worried about underperformance that I scrutinized the most minute faults. I especially dreaded acidity. I noticed it from time to time, but never enough to spoil my pleasure. What is most striking about this wine is the velvet carried by its robust, muscular structure. I have always loved the solid serenity of the 1945 Mouton, its rooted, square and indestructible side. We found it in this bottle, even if it was not the best that I have had. There were flashes of perfection but at other times the acidity was bothersome. I was so anxious for it to be a good bottle that I could not completely relax. My son, meanwhile, totally enjoyed the Mouton, telling me that he had never had the opportunity to drink this fabled wine and that he was completely enraptured by it. I should simply have paid attention to his expression; his smiles would have kept me happy!

For dessert we had a tarte au pomme, consumed with the rest of the 1973 Krug. The tart brought out the champagne’s jubilance, combining the vivacity of a brut blanc champagne with the seductiveness of a rosé champagne.

How can I assess this dinner? Drinking these two wines with my son was a pure delight, something that cannot be bought. The two wines, if not perfect, showed excellence (the Krug) and a legendary taste (the Mouton), even if punctuated with some flawed moments. I was not in top form and could not completely appreciate them, but my son was in heaven. So my love of old wine led to a precious moment with him. What a wonderful Christmas present!

(see pictures in the following article)